Résumé:
Cette thèse de doctorat s’intéresse aux dynamiques spatiales et sociales dans l’espace rural auressien. Elle part du constat que le monde rural en Algérie a longtemps été sujet d’études ethnologiques ; socio-culturelles ; d’études d’architecture et d’urbanisme, inscrits dans le cadre d’une société traditionnelle. Aujourd’hui encore, cette nostalgie du traditionnel est omniprésente dans les recherches, bien que les mutations qui se sont produites depuis l’indépendance ont transformé cette ruralité et ont fait naitre de nouvelles réalités contemporaines. Des réponses adaptatives de la part des populations et de l’Etat viennent pour répondre aux besoins qui vont de pair avec ces réalités.
Il s’agit dans cette recherche de mettre en lumière le fonctionnement de cette ruralité en pleine mutation qui est longtemps restée fermée, et la manière de l’occuper sous l’influence d’éléments endogènes et exogène et de sa propre évolution. Pour ce faire, la commune de Tigharghar, au coeur des Aurès a été sélectionnée pour être étudiée. C’est un espace rural révélateur, où nous assistons à une mort graduelle d’un habitat traditionnel et une naissance fleurissante d’un autre, qui représente l’évènement spatial modifiant le fonctionnement de l’espace.
Pour atteindre nos objectifs nous nous appuyons sur une combinaison d’une approche historique, qualitative, quantitative et systémique, en plus de nos compétences d’architecte et d’urbaniste pour établir le travail de terrain. Une approche qualitative met en avant l’évènement spatial qui modifie l’organisation de l’aire étudiée. Une approche quantitative permet de mesurer l’ampleur de l’abandon et de repeuplement qui touche les espaces étudiés. La complexité des phénomènes ruraux à l’oeuvre invite à une saisie systémique de son évolution et de son fonctionnement. Il s’agit de la mise en système du cas d’étude selon les principes de la systémique.
A travers les dynamiques observés, des idées jusqu’à aujourd’hui étudié ont été remises en cause : le progrès technique, le développement des moyens de transport et la forte urbanisation ne mettent pas fin à la ruralité. L’habitat des ancêtres est abandonné mais un nouvel est construit, les familles s’agrandissent, migrent et partent à la recherche d’une meilleure qualité de vie, urbanisant de nouveaux espaces sans grande relocalisation et sans pour autant dire que la ruralité n’existe plus.
Considérer la réalité complexe de l’espace rural comme un système nous a permis d’approfondir la compréhension de son fonctionnement, ses rétroactions et de son évolution non linéaire et comprendre les modalités d’interactions entre ses deux sphères sociales et spatiales.
